
Troubles neurovégétatifs psychiatrisés depuis 25 ans
Né en 1975, je vivais très bien avant la survenue de désordres gastro-intestinaux et de fatigue fin septembre 1997 et ce, malgré un tempérament plutôt anxieux (mais pas dépressif). Ces désordres gastro-intestinaux ont été résolus en partie par un traitement de première instance par un IPP (Lansoprazole) mais pas la fatigue ni les troubles intestinaux. Mon généraliste a pourtant jugé bon de me traiter pour une dépression en me donnant rapidement et sans explications un traitement antidépresseur et anxiolytique (Stablon et Lysanxia en gouttes) alors que je n’allais pas si mal malgré tout avec le traitement par IPP. Or, il n’y avait pas de dépression à ce moment-là. En me donnant un traitement antidépresseur, mon généraliste a simplement voulu essayer de prévenir la manifestation à nouveau de douleurs gastriques car il attribuait ces désordres à une dépression. C’était une erreur à mon sens, ces traitements ne sont pas anodins et il ne m’a en rien expliqué ce qu’il me donnait alors. C’est lorsque j’ai voulu, à mon initiative, arrêté ce traitement au bout de 8 mois, en septembre 1998, que j’ai contracté des troubles beaucoup plus sévères. Que l’on ne me parle pas de rechute dépressive, c’était simplement les effets de sevrage qui étaient la cause de ce que j’ai alors enduré : fatigue intense, impression d’hébétude, barre épigastrique, angoisses, maux d’estomac, ventre gonflé, spasmes… ; si bien qu’il a fallu me redonner rapidement un traitement antidépresseur avec un neuroleptique (Effexor et Synedil) pour faire passer ces manifestations qui étaient assurément des manifestations de sevrage, ce dont un psychiatre s’est chargé. J’ai ainsi mis le doigt dans l’engrenage, n’ayant alors aucune idée de ce qu’il se passait (je me suis mis à croire alors dans la théorie psychosomatique de mes maux).
Lorsque j’ai voulu à nouveau arrêter le traitement, un an après en septembre 1999, j’ai à nouveau expérimenté les mêmes manifestations invalidantes et même pires encore et il a fallu que je reprenne un traitement (cela a abouti à un traitement par Zoloft et Solian après avoir essayé du Seropram, de la Duloxétine avec des effets secondaires insupportables) et ainsi de suite car jamais il ne m’a été proposé de solutions ou de méthodes d’arrêt de ces traitements pris à la légère par les psychiatres. C’est la biochimie de mon cerveau qui a été altérée par les psychotropes, cerveau qui en est devenu dépendant. La période la plus longue pendant laquelle j’ai arrêté le traitement car j’ai encore essayé d’arrêter par la suite, au début des années 2000, était de 4 ou 5 mois, ce fut la pire période de ma vie, cela s’est soldé par un épuisement total et des attaques de panique. Ensuite, je n’ai jamais vraiment réessayé d’arrêter complètement (sauf le Solian pendant un mois fin des années 2000, sans succès) mais seulement de baisser les doses face au caractère insupportable des symptômes de sevrage et j’ai pris Zoloft et Solian pendant 22 ans environ. A noter, j’ai souffert tout le long de ce traitement d’une hypersomnie sans que ce ne soit jamais attribué au traitement alors qu’il y a trois mois, en novembre 2022, ma psychiatre (j’ai reconsulté une psychiatre il y a trois ans suite à la séparation d’avec mon épouse qui m’a quitté) a jugé bon de changer mon traitement pour Venlafaxine et Rispéridone et mon hypersomnie a pour ainsi dire disparu. Les psychiatres n’ont jamais diagnostiqué clairement mes troubles, parlant sans assurance d’anxiété généralisée, bien qu’une psychiatre m’ait dit que le tableau clinique ne correspondait pas pleinement, ou de troubles somatoformes (d’après mon généraliste de l’époque).
Même sous traitement, j’éprouvais une fatigue chronique car jamais ne se sont estompés les troubles intestinaux notamment (à l’origine à mon sens de la fatigue). Le traitement par antidépresseur et neuroleptique me permettait juste de ne pas avoir les manifestations de sevrage mais la fatigue ne passait guère, pas davantage que les désordres gastro-intestinaux qui n’étaient soulagés que par l’IPP. J’ai connu une fatigue chronique majeure (avec malaise au moindre effort, que les médecins identifiaient comme des malaises vagaux à l’époque, qui m’a fait pensé au syndrome de fatigue chronique que mes lectures m’avait fait connaître). Cette fatigue s’est atténuée seulement lorsque j’ai commencé à avoir recours au milieu des années 2000 (2004, je crois) à des traitements non médicamenteux pour prendre soin du système digestif (enzymes digestives, probiotiques essentiellement) et lorsqu’un médecin homéopathe m’a donné simplement du magnésium. J’ai pu alors vivre mieux même si tout n’était pas résolu, une fatigue persistait et des désordres divers mais atténués.
J’ai lutté tout ce temps pour continuer de travailler malgré un état amoindri avec une fatigabilité forte (malaise d’effort avec emballement du système nerveux que seuls des anxiolytiques amélioraient : Lexomil notamment) que je connais encore et un besoin de sommeil accablant (j’ai dormi pendant des périodes jusqu’à 15h par nuit sans que cela n’entraîne de récupération : je me levais aussi fatigué qu’en m’endormant). J’ai eu la chance d’avoir une psyché combattante qui m’a permis de tenir le coup : j’ai poursuivi des études et trouver du travail dans mes qualifications universitaires.
Tout le peu d’énergie que je mettais dans mon travail et mes études m’empêchait de faire grand-chose à la maison sauf du rangement car j’aimais malgré tout que ce soit plutôt bien rangé. Mais voilà, tous ces efforts et tous les maux que je subissais ont fini par faire fléchir mon mental, une lassitude s’est installée petit à petit sans compter que je suis convaincu que le neuroleptique que l’on m’avait si magnanimement prescrit finissait par réduire la volonté.
C’est évidemment mon épouse qui a assuré le fonctionnement du ménage et l’organisation domestique. Elle a fini par déclarer une dépression et par me quitter en juillet 2019.
Si quant à moi, j’ai fini par développer des troubles dépressifs au fil des ans, c’était bien en réaction à mon état et non l’inverse. Comment ne pas ressentir une détresse face à des maux qui vous gâchent la vie alors qu’on est encore jeune ?
Voilà, je ne sais pas vraiment pourquoi les désordres gastro-intestinaux se sont produits au départ. Mon diagnostic, c’est qu’une dysbiose intestinale s’est installée dans une période de stress intense en 1997 et que cette dysbiose a entraîné une dystonie neurovégétative. Le traitement antidépresseur n’a fait que poser un emplâtre sur mes maux et a même été délétère et s’il a eu un effet bénéfique, c’était seulement sur les symptomes de sevrage à chaque fois que j’ai voulu arrêter. J’en suis devenu dépendant à la suite. Que se serait-il passé si mon généraliste ne m’avait pas donné ce traitement initialement ? J’aurais à mon sens eu des maux mais assurément pas aussi intenses que ceux que j’ai connus par périodes en essayant d’arrêter. Il aurait fallu soigner la sphère digestive dès le début mais les généralistes ne sont pas formés pour ça, ils ne soignent à mon humble avis que des symptomes sans aller voir le fond des problèmes.
Je crains d’être aujourd’hui victime d’aboulie (diminution de la volition) à cause des neuroleptiques ainsi que de troubles cognitifs : je ne reconnais plus facilement les visages et retiens mal les noms, ma mémoire immédiate et à court terme est affectée également.